Le hasard fait bien les choses

25.10.2017 – YH

25 octobre dernier : après un rendez vous de préparation pour l’ Affaire Tournerêve, voir capsule 7, installation dans la cafétéria de l’ Espace Chantier, pièce la mieux chauffée de tout l’ensemble, début de matinée, pour rassembler notes et actualiser le planning des choses en cours, grandes et petites.
Neuf heures et des poussières : pause sur le chantier, les ouvriers vont et viennent et se posent. Moment de calme ; beaucoup d’entre eux sont debout depuis déjà quatre heures, la pause matinale arrive bien.

Sur le coup de neuf heures et quart, on installe un ordinateur, un beamer, on bricole un écran papier, on baisse les volets roulants : l’assombrissement général ajoute un degré d’apaisement sans doute nécessaire à ce qui semble se préparer. Quarante personnes présentes, sandwichs finis, plus de bruit de papier-alu, extinction des feux, manifeste de lumière numérique sur l’écran papier – au départ d’ une manière un peu bancale – avant qu’une petite cale corrige tout ça ; on ne badine pas avec l’horizontalité, dans les parages, que se soit pour tirer une chappe ou débuter une séance d’information-sécurité. Bref, les choses sont en place. Le responsable sécurité du groupe Perret prend la parole et aborde très directement la question de la sécurité via ce qui constitue le véritable message choisi pour cette séance : c’est que la sécurité des personnes au travail sur un chantier passerait avant tout – une fois que les chaussures de sécurité sont laçées en bonne et due forme, et que le casque est bien vissé sur la tête – par le respect et l’application des consignes d’organisation des espaces de travail et de circulation : est ce que le tracé de l’axe de circulation est clair ? est ce que l’espace de travail dans lequel on circule est assez lisible pour qu’on ne perde pas des plombes à trouver le bon outil ? est ce qu’il l’est assez pour transporter quelque chose de lourd ou d’encombrant sans risquer de blessure ? Questions claires par lesquelles il est dit que la transparence est de mise.

Mais quelle est la réalité des transparences ? Les choses s’éclairent au fur et à mesure de la présentation, on donne des exemples d’accidents qui ont abouti à des modifications importantes dans les pratiques, des images comparatives d’un avant – après application de règles de rangement sur un espace sont présentées et commentées etc…Peu à peu pourtant, c’est évidemment la question des responsabilités qui apparaît : quel est cet espace sur lequel on passe un tiers bien sonné de sa journée ? Est-ce que cet espace est visible ? Qui le regarde ? Des gens de passage, de futurs clients, le client concerné par le chantier en cours ? Et dans le cas de figure des coopératives, pourrait-ce être les futurs habitants ? C’est l’expression de « porter un regard » qui au final semble rallier les suffrages des enjeux qui se dessinent et par lesquels l’espace d’un chantier s’épaissit – paradoxalement pour définir les niveaux de sa transparence ou de sa « visualisation – visibilité » – de couches ou angles d’observation toujours plus fin(e)s et varié(e)s : ceci dit, on pourrait appliquer cette antienne lapidaire à tout un tas d’autres espaces dont la vocation publique n’est pas, contrairement à une construction (en fonction cependant de l’attribution de son usage) un en-cours, mais un attendu…au pire, l’objet d’un espoir… Mais passons sur des extensions qui nous mèneraient trop loin ; il reste que cet espace déterminé par un chantier est aussi la vitrine du chantier et de la maitrise d’ouvrage et que le terme de sécurité est à double surface : et c’est ce qui est suggéré dans cette réunion – sécurité : elle est celle des travailleurs sur leur lieu de travail, et c’est un lieu de travail qu’ils contribuent à créer et dont ils sont responsables de la qualité environnementale et professionnelle ; elle est celle, partiellement, de la pérennité du Travail…Assez clairement, il est redit que la rapidité, propreté, efficacité du chantier et de la construction (comme résultat des moyens déployés dans un délai donné et à respecter) se matérialisent dans ce que ce lieu d’activité porte au regard de la direction, des décideurs, des investisseurs.

Le hasard fait bien les choses. Mais est-ce un hasard que de faire se confronter les dimensions de la sécurité avec celles d’une implication des formes de la responsabilité ?

Sur ce, neuf heures et demie, reprise du boulot.