La capsule du chantier #3

Le repas Perret

06/08/2017 – YH

Le réfectoire de l’ Espace Chantier, cinq containers décloisonnés, reçoit habituellement, les ouvriers pour la pause-repas de midi. C’est l’espace au coeur de l’ Espace chantier ; peu à peu, tous les genres s’y croisent, ou s’y croiseront ; il y fait clair, disons que c’est de la lumière fraîche comme une aube d’été sur du formica. Vous voyez l’image finalement picturale, par laquelle, comme souvent quand les espaces s’ouvrent,  l’usage dépasse la fonction et quelquefois le geste la pensée. Un coucher de soleil de Turner est bien plus que la peinture d’un coucher de soleil. Du coup, doit-on s’attarder à la description des choses aussi longtemps qu’on ne prétend pas en faire le tour ? Est ce que c’est nécessaire ? Les choses s’installent à l’ Espace Chantier, trouvent leur forme et format, avec une certaine élasticité.

Qui aurait pu imaginer, sur ces tables de 8, qui aurait vu des nappes blanches, les couteaux à droite et fourchettes à gauche, les serviettes pliées au cordeau comme ce qu’on apprendrait, qui sait, dans les écoles hôtelières dites modernes et qu’on a pu enseigner dans les écoles ménagères des fifties pour la formation des épouses modèles? Heureusement, les modèles changent. Le chef de chantier en tablier, suspendu au natel pour suivre à la lettre les instructions culinaires de sa femme pour ne décevoir personne, pas moderne ? Que vous faut-il ? Et puis l’enjeu vaut le détour, rendez vous compte !

60 personnes à table, pour ce repas offert par l’entreprise Perret  ce 20 juillet 2017: ouvriers maçons et bancheurs de chez Perret, architectes directeurs de chantier et conducteur de travaux descendus de leur espace de réunion dans les bureaux d’étage, et quelques autres de passage : tout ce beau monde fait sa fête au cabillaud-maison avec patate et choux de Lusitanie. Tout se passe comme si, d’un commun et tacite accord, les rôles pouvaient toujours être interchangeables, pourvu que les constantes comme des repères, jouent leur rôle ; il ne s’agit pas de porter le masque, mais plutôt de jouer de sa propre image parce que celle-ci est stable et reconnue. Victor est le chef de chantier et aujourd’hui, il a cuisiné pour tout le monde et assure le service.

Dès lors, beaucoup de choses sont possibles. Quoi, par exemple ? Des cours de yoga pour l’échauffement des travailleurs avant le début de chantier ? Oui, évidemment ! Un potager, et peut être des arbres fruitiers en plein centre du vortex-chantier ? Ne manquent plus que les arbres, comme quoi… Des élèves de toutes classes en visite guidée architecturale et technique dans le quartier des Vergers ? Facile ! Des expos, des concerts, des conférenciers moins sévères que sérieux ? Très imaginable !  Des échanges avec des collectifs de toutes sortes sur ces questions de santé au travail ? L’évidence. Etcetera Etcetera Etcetera…

Au risque de nous répéter et avec la certitude que vous, chers auditeurs, céderez bien à un moment donné, et de tout coeur, au désir de participer d’une manière ou d’une autre, à ce qui se fomente dans l ‘Espace Chantier, nous nous permettons de vous redire que le 7 octobre prochain, c’est la fête des Vergers, et que vous êtes attendus pour la faire autant que pour la fabriquer, dans le quartier, dans vos associations et à l’ Espace Chantier. Qu’on se le dise…